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Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020

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1Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020 Empty Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020 Lun 14 Sep 2020 - 17:57

Erwan

Erwan
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https://www.sudouest.fr/2020/09/11/juin-1940-comment-la-population-de-bordeaux-se-prepare-a-la-guerre-7833755-10275.php 

cheers

Juin 1940 : comment la population de Bordeaux se prépare à la guerre
 Lecture 6 min

A La Une Rendez-Vous De La Rédaction
Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020 Vue-des-ruines-suite Vue des ruines suite aux bombardements de Bordeaux pendant la guerre de 39/45. © Crédit photo : Archives "Sud Ouest"

Par Erwan Langeo, historien, administrateur du site Bordeaux3945.forumActif.com
Publié le 11/09/2020
Mis à jour aujourd'hui à 11h53

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Tranchées, abris anti-aériens, masques à gaz, sirènes, bombardements… La vie quotidienne des habitants prend le pas du conflit.

Le dimanche 3 septembre 1939 à 11 heures, faisant suite à l’agression de la Pologne, la Grande-Bretagne puis la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Cet événement réveille parmi la population les souvenirs de la précédente guerre, quand le port de Bordeaux était devenu la porte d’entrée du ravitaillement américain dès 1917. Ces derniers avaient établi de nombreux cantonnements et dépôts dans toute la région. Mais ce sont surtout les horreurs des combats qui hantent les esprits. Bien que la guerre soit très loin, chaque commune prépare la population au pire.
Les maires de chaque commune éteignent l’éclairage public dans la nuit du samedi au dimanche afin de mesurer, vu du ciel, l’impact des lumières de chaque habitation privée et établissements publics.
Les autorités recensent les caves des habitations pour les transformer en abris anti-aériens. Des tranchées sont creusées dans les squares, les places publiques, les cours d’école et les quais du port. On distribue des masques à gaz à la population et les propriétaires de chevaux doivent ferrer d’urgence leurs animaux dès le 23 août 1939. Les commerçants masquent les éclairages de leurs vitrines.



Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020 Les-commercants-masquentLes commerçants masquent les éclairages de leurs vitrines.  © Crédit photo : Photo Archives "Sud Ouest"
Le week-end des 11 et 12 mars 1939, un exercice grandeur nature est organisé sur l’ensemble du territoire de la 18e Région Militaire (de La Rochelle à la frontière espagnole). Les maires de chaque commune éteignent l’éclairage public dans la nuit du samedi au dimanche afin de mesurer, vu du ciel, l’impact des lumières de chaque habitation privée et établissements publics. Sur la Garonne, les balises de signalisation sont masquées afin de les soustraire aux observateurs aériens. La population est également appelée à se familiariser avec les signaux d’alerte des sirènes.
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En 1940, les services de la défense passive chargés d’organiser la protection de la population vis-à-vis du danger aérien mettent en place le dispositif suivant :

– 10 sirènes reparties sur l’ensemble du territoire du port auxquelles s’ajoutent les sirènes de chaque commune.
– 47 caves-abris chez les particuliers et les édifices municipaux pouvant abriter au total 18 450 personnes.
– 8 abris collectifs d’une capacité de plus de 200 personnes comme celui de l’Hôtel de ville (musée des Beaux-Arts) pouvant accueillir à lui seul 250 personnes.
– 18 tranchées-abris totalisant 1 425 mètres pouvant abriter 5 500 personnes. L’exemple le plus représentatif est la place Tourny qui peut abriter jusqu’à 720 personnes sur 180 mètres de longueur.

Enfin, 2 083 mètres de tranchées couvertes vont s’ajouter au précédent dispositif au cours des années 1940 à 1944.

Disparité entre les quartiers

La Régie municipale du gaz et électricité qui possède encore aujourd’hui des abris édifiés en 1924
En 1940, seulement 95 705 personnes peuvent donc trouver refuge dans les abris en cas d’alerte. De grandes disparités existent selon les quartiers. Les 3e et 5e arrondissements (les arrondissements ont été supprimés de nos jours) présentent un excédent cumulé de 10 000 places environ alors que les quartiers les plus visés par les bombes ne peuvent abriter qu’une partie de leur population. Au 25 août 1940, la rive droite (13e arrondissement) ne possède aucun grand abri collectif !
Les entreprises les plus exposées de Bacalan construisent même des blockhaus pour leurs employés. C’est le cas des aciéries de Longwy, de la SNCASO, ou encore la Régie municipale du gaz et électricité qui possède encore aujourd’hui des abris édifiés en 1924 !
Il apparaît évident que les Bordelais ne sont pas égaux face au danger aérien .Cette disparité est largement exploitée par la propagande qui entraîne l’opinion publique à haïr les alliés. La presse parle alors d’agression, d’attentat criminel contre le sol français ou encore de barbarie sanguinaire.
En 1942, le nombre de places de caves est passé à 87 500 personnes, celui des gros abris collectifs à 11 000 et celui des tranchées à 11 720 soit 110 220 places. Un peu moins de la moitié de la population est donc susceptible de trouver une place en abri. Au 11 mars 1940, la quasi obscurité sur les quais est à l’origine de 17 noyades de marins dans le port en seulement six mois, dont six rien que dans le bassin n°1 de Bacalan !

Plus de 60 morts civils dans un seul bombardement

Dans la nuit du 19 au 20 juin, aux alentours de minuit, douze bombardiers allemands Heinkel He-111 du IV Fliegerkorps, basés à Dinan, font leur apparition au dessus de Bordeaux larguant au hasard soixante-et-une bombes (quatre-vingt-huit au total dans l’agglomération), causant de nombreux dégâts matériels et humains : soixante-trois morts (soixante-huit au total) et cent-quatre-vingt-cinq blessés. Une bombe est tombée au milieu du bassin des chantiers de la Gironde où se tenait le torpilleur de 1700 tonnes "Lansquenet" le matin même… Cette action n’a d’ambition que de semer la terreur et accélérer les négociations d’armistice.
Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020 Les-rues-sont-deblayeesLes rues sont déblayées après les bombardements.  © Crédit photo : Photo Archives "Sud Ouest"
La place de la Bourse est défigurée. Les toitures ont brûlé une bonne partie de la nuit entraînant dans leur chute les étages inférieurs. Un entrepreneur bordelais a la présence d’esprit de répondre à l’appel d’offre pour le déblaiement des gravats en proposant un devis calculé au plus bas … Dès lors, la mairie ne fera plus appel qu’à ses services tout au long de la guerre étant donné que ses engins de chantier et ses hommes sont déployés un peu partout dans la ville ! Cet entrepreneur a alors revu ses tarifs à la hausse.
Les bombardements soufflent également une partie des vitraux de la basilique Saint Michel, lesquels sont remplacés après le conflit par des verrières modernes conçues par l’artiste Max Ingrand. 
Les bombardements soufflent également une partie des vitraux de la basilique Saint Michel, lesquels sont remplacés après le conflit par des verrières modernes conçues par l’artiste Max Ingrand. De nombreux débris jonchent encore la chaussée à l’arrivée des allemands tandis que pour ajouter à la détresse des dizaines de milliers de réfugiés, la météo annonce de la pluie du 22 au 24 juin 1940 avec 13.5 mm enregistrés. Toutefois, les intempéries sont le meilleur atout pour préserver la ville des bombardements et également permettre à de nombreux navires de s’échapper en évitant l’artillerie ennemie qui est déjà en place dans les fortifications françaises de la rive nord de l’estuaire.
Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020 L-eglise-saint-michelL’église Saint-Michel après le bombardement.  © Crédit photo : Photo DR Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020 Les-refugies-ont-afflueLes réfugiés ont afflué par milliers dans la capitale girondine.  © Crédit photo : Photo Archives "Sud Ouest"

L’agglomération de Bordeaux déplorera 350 civils tués au cours de 22 alertes de bombardements. Il convient de commenter ces chiffres car aucun bombardement majeur ne vient perturber la quiétude des Bordelais et de l’occupant pour qui le conflit apparaît bien éloigné, avant le 17 mai 1943. Une note de service de la mairie de Bordeaux déplore même l’insouciance de la population vis-à-vis des abris anti-aériens qui servent de déchetterie, de terrains de jeux et même de lieux de rencontre… Le nombre de victimes s’accroît dans la seconde partie de la guerre.

Fausses alertes et branchements sauvages

Il y aura même, dans les premiers mois de l’Occupation des fausses alertes, qui rajoutent à la confusion dans la compréhension de la menace aérienne par la population. En 1941, les sirènes d’alerte aérienne se déclenchent par plusieurs fois, suite à une mauvaise manipulation du gardien de nuit du Palais de la bourse. Celui-ci, croyant bien faire, a manipulé les différents interrupteurs qui se présentaient à lui pour éteindre une ampoule restée allumée dans un bureau. Il s’agissait en fait du témoin lumineux du bon fonctionnement du poste d’alerte de jour. A cette heure, soit entre 20 heures et 8 heures, le personnel de veille de nuit anti-aérien est installé dans le bunker jouxtant le hangar souterrain (actuel miroir d’eau), face à la Bourse. 
En images, Bordeaux sous l’Occupation allemande >>>
Des images du bunker des Quinconces >>>
Un forum sur la guerre à Bordeaux >>>
Rubrique Journal Sud Ouest / 1940 -2020 Dans-un-abri-anti-aerienDans un abri anti-aérien…  © Crédit photo : Photo Archives "Sud Ouest"
C’est donc au moins par trois fois depuis le bombardement du 8/9 décembre 1940, que les Bordelais doivent inutilement rejoindre les abris. Outre des mauvais isolements des lignes téléphoniques servant au déclenchement des alertes, l’enquête de terrain diligentée par les autorités tant allemandes que françaises révélera des branchements sauvages effectués sur les lignes civiles par les allemands eux-mêmes du côté de Bassens. A chaque fois, le travail cesse dans les usines et les commerces, les services de défense passive prennent leur poste et les habitants se terrent dans les abris et les caves, tandis que les batteries anti-aériennes scrutent le ciel à la recherche d’un ennemi invisible.
En 2020, les tranchées creusées sur les grandes places publiques ont été remblayées. Il subsiste toutefois de très nombreux témoignages de cette époque dans quelques caves et dans certains parcs de la ville …

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