un cas de règlement de compte post-libération tiré des registres d'état-civil de Léognan

Dans le cadre de ma profession de généalogiste je me déplace beaucoup en mairie pour consulter les registres d'état-civil. Il m'arrive d'y faire des trouvailles.

je suis ainsi tombé par hasard sur cet acte de décès au départ des plus classique sur la commune de Léognan, daté du 22 février 1945. C'est celui d'un Italien, Albiero Bortolo, chauffeur mécanicien domicilié Bordeaux. Le seul détail intrigant sur le coup c'est le déclarant : l'adjudant de gendarmerie de la commune.

mais curieusement deux documents présents dans le registre complètent l'histoire de cet acte de décès finalement pas si commun que ça...

le premier est un rapport de gendarmerie constatant que l'homme a été tué par arme à feu.

le troisième est une lettre plus détaillée du maire, visiblement bien renseigné. On y apprend qu'Albiero Bortolo était enrégimenté dans l'organisation Todt, mais le crime ayant eu lieu en 1945 il note qu'on s'orienterait sur un assassinat "soit par vengeance personnelle, soit par représaille du maquis"




e seul

Les faits :
M. Albiero a été assassiné par arme à feu en février 1945. Son corps a été retrouvé sur le bord de la route à Léognan. Les gendarmes en ont fait le constat. Le médecin légiste a indiqué ses constatations sur l'état du corps.
M. Albiero, italien, habitait Bordeaux.
Le maire de la commune précise que M. Albiero travaillait pour l'organisation Todt. On suppose que ses sources étaient sûres.
Les allemands ayant quitté cette partie de la gironde à la fin du mois d'août 1944, M. Albiero est resté en France. Nul n'en donne la raison.
Mes observations
Que dans l'atmosphère de l'époque le maire se comporte en enquêteur et tire des conclusions précisément liées à l'époque  sans aucune preuve, peut être constaté.
En revanche déclarer qu'il est "visiblement bien renseigné", me parait hasardeux, en tous cas du point de vue historique. Surtout si cette affirmation n'est pas étayée par des documents. Et conclure, suivant ses affirmations, qu'il s'agit d'un règlement de compte est tout aussi hasardeux.
Les conditions dans lesquelles ont été recrutées et le traitement infligé aux personnes employées par l'organisation Todt, singulièrement les étrangers à l'Allemagne n'ouvrent pas beaucoup de perspectives autres que le constat : un homme, appartenant durant la guerre à cette organisation a été assassiné par arme à feu en février 1945 à Léognan.
Mais bien sûr il n'est interdit à personne d'écrire un roman policier. Ce pourrait être passionnant ! Mais ce serait un roman, pas une information sur un site d'histoire.
Cordialement

Je suis content que mon premier post est retenu votre attention et je suis d'accord avec vous, restons-en aux faits et aux documents dont je n'ai fait que le résumé de chacun.

Attention : je ne conclu rien en suivant les affirmations du maire. Je dis qu' "Il note qu'on s'orienterait sur un assassinat "soit par vengeance personnelle, soit par représailles du maquis" " c'est sa citation que j'ai reprise pour terminer le résumé du troisième acte.

Quand je dis que le maire "est visiblement bien renseigné" nous devons  effectivement garder des guillemets car il n'a pas d'informations personnels, précisant bien à la fin de sa note que tout ce qui y est écrit sont les "renseignements prit auprès de la brigade de gendarmerie de (sa) commune".

Par contre dans le titre de mon post il manque surtout un point d'interrogation qui fait défaut.

Point de roman donc mais c'est possible ! (si on a le temps) : monsieur ALBIERO Bertolo était en France depuis un moment déjà puisqu'il s'y est marié avec une compatriote le 23 avril 1935. Son acte de mariage est à la mairie de Domme (24). Sa généalogie est possible à faire mais... chronophage.

cordialement

En réalité personne ne s'est donné  beaucoup de mal pour élucider les causes de la mort de ce malheureux. S'il avait quelque chose à se reprocher, il serait parti avec les allemands, d'autant plus que beaucoup de français ont aussi travaillé pour l'organisation Todt.

Oui c'est ce que Dominique disait, les conclusions sont un peu rapides. Il était là bien avant les allemands et italiens dans les années 30 et surtout il est resté ! Sa femme d'ailleurs est décédée en 2004 toujours en Dordogne, à Vitrac soit 6 km tout au plus de leur lieu de mariage. Son séjour à Bordeaux pourrait avoir été un peu forcé.

En tout cas ils ont eu le temps d'avoir un enfant.

Bonjour à tous et merci pour ce partage de documents. 
Le cas des italiens en France est passionnant au titre que l'Italie était alliée en 1914 et notre ennemi en 1940 ... Un grand nombre est resté en France après guerre ... et d'autres (jeunes volontaires français de parents italiens) sont partis combattre contre les troupe de Tito dans le secteur de Venise en 44/45 ...

Les informations du maire sont certainement à recouper avec celles de la gendarmerie qui n'a certainement pas manqué de se renseigner sur cet homme et ses activités ... une chasse aux sorcières pour connaitre le passé des uns et des autres ...

et comme disait le commissaire Maigret " dans une affaire non élucidée, il faut chercher la femme !
Mais ça je le laisse pour l'écriture du roman de cette affaire !

Très bon WE