Le 12 juin 1944, à Nay, en fin d'après-midi, un groupe de Francs-tireurs et partisans (FTP) est attaqué par des éléments de la Wehrmacht.
Un combat s'engage au cours duquel Maxime Boyrie est tué et Jean Seignères fait prisonnier, puis fusillé en compagnie d'un civil, Charles Serville. Les allemands tirent sur des civils, en tuent cinq et en blessent trois. S'en suivent des rafles qui ne prêteront cependant pas à conséquence.
Dans la soirée, les troupes nazies poursuivent les partisans et tenteront, en vain, les jours suivants, de détruire les guérillas en action dans la région Nayaise.
Ci-dessous récit de la journée du 12 Juin 1944. Texte tiré de la conférence donnée par Monsieur André Narritsens le 9 juin 2011à Nay :
Vous en trouverez l'intégralité dans ce document :http://claude.larrode.free.fr/Ressources/Documents/2011/confdiapo12juin.pdf
De André Narritsens :
Le 12 juin est un lundi. C’est une belle journée ensoleillée.
Les FTP auxquels se sont adjoints des membres du groupe Franc-tireur(au total une vingtaine d’hommes) arrivent dans Nay aux alentours de
15h 30. Ils prennent le contrôle des entrées de villes : un barrage est établi sur la route de Bourdettes (un FM tenu par Franc tireur: Cosson et
René Bernard) et un deuxième groupe de quatre hommes (Théo Martin,Jean Seignères, André Mondière, Jean-Louis Palu) doté d’un fusil
mitrailleur s’installe au croisement du cours Pasteur de la route de Mirepeix et de l’avenue de l’école supérieure. Un troisième groupe contrôle la Poste afin d’empêcher le trafic téléphonique.
Nay est bouclée : on peut y entrer mais on ne peut pas sortir. Telle est la théorie car il existe bien sûr des possibilités de contourner les barrages
notamment en passant par le Saligat.La réquisition de deux vaches appartenant à Albin Laplace et de deux boeufs appartenant à Alfred Lepère est effectuée malgré la protestation des propriétaires. Les animaux sont conduits à l’abattoir tués et dépecés.
Le garde-champêtre Mirassou a joué du tambour pour annoncer la distribution gratuite de viande. Les nayais (surtout les nayaises) ont plébiscité l’opération. Il est maintenant dix–huit heures. Il y a seulement deux heures et demie que l’opération a été déclenchée. On peut somme toute considérer que l’affaire a été rondement menée.
Werner Waldeyer passant devant les FTP du croisement de Mirepeix leur dit:
«encore cinq ou dix minutes et l’on décroche ».
Peu de temps après, des tirs sont déclenchés du côté du cours Pasteur.
Que se passe t-il ?
Un jeune cycliste (Etienne que nous venons d’identifier comme étant Cazajous)a prévenu les FTP que des officiers allemands à la tête d’un
convoi de plusieurs camions consultent une carte routière aux quatre chemins. Cinq minutes après une voiture bariolée de jaune surgit suivie
de trois camions. Théo Martin tire une demie-rafale de FM dans la voiture mais le FM s’enraye. Les allemands sautent des camions s’aplatissent et commencent à tirer. Ils disposent d’une grande puissance de feu : des mitrailleuses et des mortiers sont fixés sur les camions et il semble qu’ils ont été utilisés.
Le groupe des quatre doit se disloquer : deux FTP (André Mondière et Jean-Louis Palu) s’enfuient par le canal, Théo Martin enfouit le FM sous un tas de charbon et se cache sous la marquise du toit de la maison Lepère. Jean Seignères qui a perdu ses lunettes se dissimule dans un bosquet de bambous mais est trouvé par les allemands avec deux balles de FM dans l’une de ses poches.
Au cours de cette première phase de l’accrochage, Joseph Labat, Louis Lebris, André Lafourcade et un quatrième FTP non identifié qui sont en route pour effectuer un sabotage de la voie ferrée à hauteur du passage à niveau des quatre chemins, se trouvent bloqués et tentent d’apporter un soutien au groupe des quatre. Quelques rafales de mitraillettes sont lâchées avenue de l’école supérieure et Louis Lebris est blessé (deux doigts sectionnés). Joseph Labat décroche en zigzagant le long du cours Pasteur. Par chance, les tirs allemands ne l’atteignent pas. Ses camarades fuient par les jardins.
Ces micro événements se jouent à la fois très vite et très lentement. Théo Martin témoigne de la grande prudence que mettent les allemands à se placer en position de combat : ils rampent le long des caniveaux, utilisent les porches des maisons et tirent sur tout ce qui présente une menace potentielle, dans un premier temps sur la position occupée par le FM qu’ils complètent du lancement de grenades incendiaires sur la maison Valanet bientôt en flammes.
A l’autre bout de Nay, à hauteur de l’ancien couvent des dominicaines Maurice, Louis Laborde, Maxime Boyrie et Robert Junquet, ignorant le déclenchement de l’accrochage ont pris place dans un véhicule qui doit faire route vers le Lys. Au bruit des détonations ils font demi tour, envisagent de traverser la digue mais en sont empêchés en raison du trop fort courant et se dirigent vers le centre du bourg par l’intérieur.
Les allemands, parvenus au croisement entreprennent de remonter le cours Pasteur en arrosant tout ce qui bouge. Le groupe dirigé par Maurice est pendant ce temps parvenu devant le monument aux morts et constate que le fusil mitrailleur qui se trouvait sur la sortie de la ville vers Bourdettes a été abandonné. Maxime Boyrie s’empare de l’arme et remonte le pont en compagnie de Maurice, Louis Laborde et Robert Esdourubail. L’objectif est de créer un point d’appui au fusil mitrailleur du croisement de Mirepeix qu’ils croient toujours actif. A peine Maxime Boyrie a-t-il posé au sol le FM qu’une balle l’atteint mortellement à la tête.
Louis Laborde et Robert Junquet esquissent le geste de reprendre l’arme mais Maurice leur intime l’ordre d’abandonner le FM.
Le groupe se replie en courant, plié en deux et essuie des tirs allemands effectués à partir des jardins de la Villa Allinquant (villa Ferrand) auxquels répondent des rafales de mitraillette. Le décrochage définitif s’effectue alors, les véhicules du maquis mettent le cap sur le Lys.
Alors que les bruits de la fusillade ont cessé, quatre ouvrières qui n’ayant pu quitter Nay en raison du bouclage de la ville par le maquis se sontréfugiées dans le garage Nessans quittent leur refuge et sont immédiatement victimes de tirs allemands. Le bilan est lourd : trois femmes sont tuées (Jeanne Lauga, 25 ans, ouvrière d’usine demeurant à Pardies-Piétat, Henriette Lascourrèges 33 ans, ouvrière d’usine, demeurant à Bénéjacq, Marie Mendez, 32 ans coiffeuse à Bénéjacq) et une adolescente de quinze ans, ouvrière d’usine (Irène Duboë) est blessée.
Mais la fureur allemande ne s’arrête pas là : les soldats enfoncent les portes des maisons autour du café de France et tuent de sang froid à leur domicile Pierre Cazaban (82 ans) et Clément Lacoste. Huberte Lasoureille, 20 ans, ouvrière d’usine demeurant à Nay, Julia Marimpoey, 22 ans, ouvrière d’usine et demeurant à Mirepeix et Marcelin Camps lui aussi demeurant à Mirepeix sont également blessées.
Les opérations se poursuivent dans la ville qu’une bonne partie de la population a désertée. La soldatesque nazie procède à des perquisitions et à des rafles de rues et dirige hommes femmes et enfants vers la gendarmerie
.Combien sont-ils à y être regroupés ?
Deux rapports de gendarmerie citent le chiffre fantaisiste de 500 ce qui est parfaitement impossible si l’on considère la «capacité d’accueil» de
la cour intérieure du bâtiment.En tout cas les officiers allemands procèdent à l’interrogatoire des gendarmes (l’interrogatoire dure de 23 heures à 23h 45, notamment indique un rapport de gendarmerie « à propos de placards affichés à la Mairie par les maquisards ») et à celui des raflés. A 22 heures les
femmes et les enfants sont sommés de regagner leur domicile et à 23 heures les hommes, au nombre, selon un rapport de gendarmerie, de195, sont conduits à l’école supérieure des jeunes filles ou les interrogatoires se poursuivent toute la nuit. Tous sont relâchés à 7 heures du matin.
Mais tout autre est le sort de Jean Seignères fait prisonnier dans les conditions rappelées plus haut. Seignères est d’abord conduit à l’école supérieure des jeunes filles en compagnie d’Alfred Guillemassé un jeune commis de l’administration de l’Enregistrement sans relation avec le maquis. Une demie heure plus tard ils sont rejoints par Charles Serville arrêté dans la maison Valanet et chez qui ont été découvertes des batteries d’automobile que les allemands considèrent destinées à l’usage d’un poste émetteur. Jean Seignères est cruellement frappé. On veut obtenir de lui des informations sur le maquis. Il ne desserre pas les dents.
Vers 22 heures 7 ou 8 soldats conduisent Seignères, Serville etGuillemasse devant le mur de la maison Sensamat où ils doivent être exécutés. Au dernier moment Guillemasse parvient à convaincre l’officier allemand de sa non implication dans la Résistance et est séparé de ses deux compagnons. Selon le témoignage de Guillamassé qui déclare avoir assisté à l’exécution des deux hommes celle-ci aurait eu lieu vers 22h 15 et aurait été le fait d’un officier allemand.
En même temps qu’ils organisent la répression à Nay, les allemands s’engagent dans une poursuite des partisans, font mouvement vers Asson, Arthez d’Asson et le Lys dessinant ainsi le territoire d’une confrontation avec les guérillas qui va se poursuivre jusqu’à la mi-août.
---------------Clic droit , afficher l'image------------Mosaïque de photos prises en 1952.
Positions tenues par les Francs-tireurs et partisans:
Le croisement du cours Pasteur de la route de Mirepeix et de l’avenue de l’école supérieure.
La maison Valanet devant laquelle est installé le FM est à gauche:
La maison Valanet,( elle sera incendiée par les allemands) devant laquelle est installé le FM servi par Théo Martin,Jean Seignères, André Mondière, Jean-Louis Palu:
Vers la place Maxime Boyrie :
La poste :
Place de devant la villa Ferrand, le cours pasteur est à gauche, le café de France était situé dans la maison aux volets rouges :
Position de la route de Bourdettes FM servi par Cosson et René Bernard(Vers Bourdettes):
Vers le bourg,le monument aux Morts :
Le carrefour où se tiennent Maurice, Louis Laborde, Maxime Boyrie et Robert Junquet au début de l’accrochage :
Photo prise depuis la route de Lys , Nay est en face , Asson Capbis et Bruges à droite.
Le Combat :
Le convoi allemand arrive de Pau , il fait une halte au carrefour des 4 chemins pour consulter une carte.
Les allemands arrivent de la droite , Nay est en face.
Ils entrent dans Nay :
Ils arrivent sur la position tenue par Théo Martin,Jean Seignères, André Mondière, Jean-Louis Palu au carrefour de Mirepeix :
Le combat s'engage ici.
Théo Martin tire une demie-rafale de FM dans la voiture mais le FM s’enraye.
Les allemands sautent des camions et se mettent en postion de combat.Le groupe des FTP et partisan se disloque pendant que Joseph Labat, Louis Lebris, André Lafourcade et un quatrième FTP non identifié qui sont en route pour effectuer un sabotage de la voie ferrée à hauteur du passage à niveau des quatre chemins, se trouvent bloqués et tentent d’apporter un soutien au FM enrayé.
Deux FTP André Mondière et Jean-Louis Palu remonte la rue qui mène à la maison Lepere et s’enfuient par le canal enjambé par un petit pont devant l'entrée Lepere :
La maison Lepere est au fond , à gauche la maison Valanet qui sera incendiée.
Le canal de part et d'autre du pont versNay et vers Mirepeix :
On remarque un massif de bambou dans la propriété Lepere ...Est ce le massif dans le quel Jean Seignères s'est caché ?
Théo Martin s'est caché sous la marquise du toit de la maison Lepere.
Les allemands remontent le cours Pasteur :La place Maxime Boyrie est au fond , le bourg de Nay à droite
Pendant ce temps alertés par la fusillade Louis Laborde, Maxime Boyrie et Robert Junquet qui étaient situé aux alentours du couvent des bénédictines font demi-tour et tentent de rejoindre la position du carrefour de Mirepex en passant par la digue du saligat. Ils n'y parviendront pas à cause du courant et rejoindront
le bourg par la route.
Le saligat et sa digue
Le même endroit depuis le pont de Nay :
Arrivés au monuments aux morts Louis Laborde, Maxime Boyrie et Robert Junquet trouve le FM qui bloquait l’accès par la route de Bourdette :
Louis Laborde, Maxime Boyrie et Robert Junquet arrivent de la droite , la route de Bourdette est à gauche.
Au fond la place Maxime Boyrie.
Maxime Boyrie s’empare de l’arme et remonte le pont en compagnie de Maurice, Louis Laborde et Robert Esdourubail. L’objectif est de créer un point d’appui au fusil mitrailleur du croisement de Mirepeix qu’ils croient toujours actif. A peine Maxime Boyrie a-t-il posé au sol le FM qu’une balle l’atteint mortellement à la tête.
Louis Laborde et Robert Junquet esquissent le geste de reprendre l’arme mais Maurice leur intime l’ordre d’abandonner le FM.
Maxime Boyrie est tombé devant le garage Peugeot à l'endroit où il avait mit en batterie le FM.
La place vue depuis le portail de la villa Ferrand :
Tous le monde décroche et s'en va par la route de Lys.
Alors que les bruits de la fusillade ont cessé, quatre ouvrières qui n’ayant pu quitter Nay en raison du bouclage de la ville par le maquis se sont réfugiées dans le garage Nessans quittent leur refuge et sont immédiatement victimes de tirs allemands.
Jean Seignères est d’abord conduit à l’école supérieure: ( la bâtisse à gauche) puis executé dans les parages de la maison Sensamat
Le café de France :
Les plaques commémoratives :
Installées ici depuis peu sur le parapet du pont , elles étaient à l'origine posées sur la façade du garage Peugeot .
André Narritsens dans sont document nous parle de Werner Waldeyer qui passant devant les FTP du croisement de Mirepeix leur dit:
«encore cinq ou dix minutes et l’on décroche ».
Werner Waldeyer allias Maurice est un allemand militant communiste , anti nazi qui a fui l'Allemagne où il est recherché.Il commande un groupe de FTP.
Je pense que c'est lui qui à "déposé" (en camion ? )Joseph Labat, Louis Lebris, André Lafourcade plus un autre vers le carrefour de Mirepeix pour qu'ils se dirige vers le passage à niveau des 4 chemin afin de procéder à un sabotage.
On le retrouve plus tard dans les parages de l'ancien couvent des dominicaines alors qu'il allait en compagnie de Louis Laborde, Maxime Boyrie et Robert Junquet vers Lys.
Pas de photo de la gendarmerie de 1944, elle à était démolie en 2004/2005.
Je n'ai pas trouvé la maison Sensamat où a eu lieu, enfin à proximité, l’exécution de Jean Seignères et Serville.Je la situe aux alentours du lycée Paul Rey bâti autour de ancienne école supérieure de jeunes filles.Mais depuis les lieux ont beaucoup changés , des lotissements ont vu le jour, le lycée et ses infrastructures occupent une grande surface et il n'est pas impossible que la maison Sensamat ai été démolie...
Nay telle que nos héros l'ont vue :
La poste :
La place et sont monument aux Morts:
Nay et le cours Pasteur en bas à gauche:
La route de Bourdettes où était installé un des FM:
L’école supérieure de jeunes filles :
Le saligat:
Merci aux deux Nayaises qui m'ont indiqué l'emplacement de la gendarmerie en 1944.
Dernière édition par Eric L le Sam 3 Aoû 2013 - 17:07, édité 1 fois