Une question me vient à l'esprit >> Quelle est l'emprise du camp allemand ??
+ ci sessous : insigne du CIT 154 année 1956 à 1964 camps Tanaïs à Blanquefort avec la fresque murale photographiée dans les années 2000 !
Il faut savoir, en effet, que ce bois de 65 hectares appartient à la Ville depuis 1995. Il s'agit d'une ancienne propriété viticole qui devint ensuite un camp militaire accueillant le 515e groupe de transport du train.
Un ancien camp militaire
Jusqu'à ces dernières années, ce domaine abritait 110 pavillons militaires dont 70 ont été démolis récemment, dans le cadre de la sécurisation du site. Des travaux de désamiantage ont également été effectués.
Des images et des anecdotes lui reviennent comme des flashs. Anita Jaulin-Fréchou, Blanquefortaise de toujours, a vécu une vingtaine d'années dans l'un des pavillons de l'ancien camp militaire de Tanaïs, actuellement en cours de réaménagement par la Ville (lire ci-dessous). « J'étais la fille de l'adjudant-chef Jaulin, le patron du parc-auto », précise la dame qui est arrivée sur le site en 1946, à l'âge de 2 ans, pour le quitter à 21 ans. Elle réprime bien vite sa tristesse à l'idée que « la villa » où elle a vécu, près de l'étang, avec ses parents et ses cinq frères et sœurs soit bientôt démolie et embraye sur une foule de souvenirs.
D'emblée, ce sont les réceptions sur le parquet ciré du château de Tanaïs qui lui viennent à l'esprit « Les bals, les cocktails, c'était Versailles, c'était superbe », dit-elle comme si elle avait conservé intacts ses yeux d'enfants. Une enfance synonyme d'espace à l'ombre des pins et des chênes de la forêt. « On était libre comme l'air, on faisait du patin à roulettes sur la piste Frac, la piste d'auto-école que gérait l'adjudant-chef Rojas. Frac, signifiait Formation rationnelle et accélérée des conducteurs. »
« Nous avions cet immense domaine à notre disposition et l'on crapahutait partout, surtout les garçons qui testaient le parcours du combattant réservé aux soldats. Plus tard, on jouait au tennis avec les sous-lieutenants et il y avait aussi un minigolf… »
Cette ancienne assistante dentaire aujourd'hui à la retraite raconte souvent comment elle avait déchiré sa jupe plissée en sautant d'une fenêtre, alors qu'elle jouait dans la guérite de la sentinelle, à l'entrée du camp occupé par le 515e groupe de transport du train.
À l'époque, la jeune Anita fréquentait l'école de Caychac où est aujourd'hui inscrite l'une de ses petites-filles, Lucie. « On n'était pas malheureux, on était même bichonné d'une certaine manière. Le colonel mettait un véhicule à notre disposition pour aller en classe, ce qui fut particulièrement appréciable lors de l'hiver 56, lorsqu'il a tant neigé ».
Départ pour l'Algérie
Une image plus triste lui apparaît soudain : le départ du régiment pour l'Algérie, en 1956. « Ce jour-là, toutes les femmes ont pleuré. J'avais 12 ans. Papa était le dernier, c'est lui qui fermait la marche avec son camion-grue destiné aux dépannages. Pratiquement tous les hommes partaient. Nous étions alignés entre le château et le parc auto, pour les saluer. Je le revois comme si c'était hier ».
« Papa a été muté plusieurs fois, et nous, nous sommes restés avec notre mère à Tanaïs. Nous étions une vingtaine de familles, très solidaires. On s'entraidait beaucoup. Bien sûr, nous n'avions pas le confort d'aujourd'hui, toutes les villas n'étaient pas équipées de salle de bains. Nous, nous en avions une car nous étions nombreux. Peu de femmes conduisaient et j'allais faire les courses à vélo », poursuit-elle.
Anita Jaulin-Fréchou évoque encore la chapelle du camp où deux de ses sœurs ont fait leur première communion, où l'on allait à la messe de minuit. Une chapelle dont son père a suivi la construction, après avoir été affecté au casernement.
« Je voudrais y revenir », lâche-t-elle rêveuse, ravie d'avoir pu évoquer ce lieu qui raconte sa jeunesse.